Chroniques New-yorkaises (5) MOMA : moments privilégiés.

8 Mai 2019

Evoquer le Museum of Modern Art à New York, c’est aborder une institution majeure dans le Manhattan chic entre les cinquième et sixième avenue à la hauteur des 53 ème et 54 ème rue. Depuis quatre vingt dix ans, le MOMA compte parmi les musées les plus importants au monde. C’est dire son caractère incontournable pour les amateurs d’art en général et d’art contemporain en particulier. En outre, depuis quelques années, des investissements importants ont permis au musée de doubler sa surface. Cette année encore, j’ ai découvert, face au musée, son nouvel espace dédié aux éditions d’objets.
Lors de chaque visite, depuis près d’une dizaine d’années, un événement particulier colore la venue dans ce lieu prestigieux.

« Canyon » 1969 Rauschenberg

En 2017 le moment privilégié au MOMA fut ce coup de poing de l’exposition Rauschenberg qui rappelait comment l’art américain s’était emparé de la Biennale de Venise de 1964 avec cet artiste inconnu en Europe, inattendu et pourtant triomphant dans une Biennale sidérée. Alors que la manifestation italienne s’apprêtait à couronner sereinement le français Roger Bissière, peintre d’une école de Paris occupant le terrain de l’art en France, c’est l’inconnu Robert Rauschenberg qui rafle le grand prix de la Biennale et provoque un tollé général jusqu’à agiter la presse du Vatican.

En 2017, autre moment privilégié : une superbe toile de Joan Mitchell trônait dans le hall d’entrée du musée. J’ai retrouvé cette année cette toile dans la somptueuse présentation de l’artiste au sein des collections permanentes.

 

Salle Joan Mitchell MOMA 2019


« The artist is present »

En 2010, autre moment d’émotion : celui de l’exposition Abramovic marquée par une performance à la fois artistique et physique. : « The artist is present »
Du 14 mars au 31 mai, Marina Abramovic a passé sept cents heures assise sur une chaise au sixième étage du MOMA. Chaque jour, à l’ouverture du musée le matin, l’artiste, vêtue d’une longue robe unie, prenait place sur une chaise et les visiteurs venaient l’un après l’autre s’installer en face d’elle. Aucun échange, aucune parole. Chacun restait le temps qui lui convenait. Puis un jour, tout bascule. L’homme qui s’est assis devant Marina, c’est Ulay, son grand amour de jeunesse. Il est venu sans prévenir l’artiste : la dernière fois que l’un et l’autre s’étaient vus, c’était trente ans plus tôt, le jour de leur séparation, sur la muraille de Chine. Cette fois Marina Abramovic fond en larme et brise le protocole de sa performance.

Autre moment privilégié cette année 2019 , un tableau qui n’occupe guère de place sur les cimaises et pourtant aimante tous les regards : « La nuit étoilée  » de Vincent Van Gogh. Tellement vu au gré des éditions, des parutions de presse, le tableau est devant vous, réel, intouchable certes mais si proche.
Dans le même temps l’exposition Miro voit ses salles envahies par le public. De Van Gogh à Duchamp, le MOMA propose, d’une année sur l’autre, l’ accès à ces moments privilégiés jusqu’à ses jardins où, dès que la saison le permet, l’ultime privilège sera de savourer un café glacé devant l’«Obélisque brisé » de Barnett Newman où la pièce délicate et fine de Peter Downsbroug presque cachée dans les feuillages.

Photos de l’auteur.

Museum of Modern Art
11 West 53 street
New York 10019

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