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Chroniques New-yorkaises(1) : le SHED est sur les rails.

9 avril 2019

Avant même son ouverture en haut de la High Line dans Manhattan, le SHED avait déjà acquis une notoriété due à l’incroyable audace architecturale qui fait accéder cet équipement culturel au niveau d’une prouesse technique innovante. En effet, ce bâtiment ne se contente pas de mettre à la disposition des artistes des salles immenses. Il offre surtout une conception totalement modulable disposant d’une partie mobile sur rails, une sorte de soufflet géant qui modifie la structure du bâtiment et s’adapte à toutes les possibilités de manifestations, spectacles, expositions etc…

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Équipé d’immenses roues à taille humaine qui rendent possibles ces transformations, c’est peu de dire que le SHED est sur les rails. Mais au-delà de la prouesse technique, c’est davantage encore, me semble-t-il, l’approche multidisciplinaire qui caractérise ce nouvel équipement au cœur de Manhattan.
Il ne faut pas, en effet, s’attendre à visiter dans ce lieu des expositions comme au MOMA ou au Whitney muséum. Ce qui prévaut au SHED c’est la conjugaison des disciplines, la création d’événements qui concourent à proposer un résultat supérieur à la somme de ses éléments constitutifs.

« Reich Richter Pärt »

Au lendemain de l’inauguration il m’a été possible d’assister à l’un de ces « évents ». Dans « Reich Richter Pärt », deux spectacles en immersion,(l’un conçu par le compositeur Steve Reich et le peintre Gerhard Richter, l’autre par Richter et le compositeur Arvo Pärt), explorent le langage sensoriel commun de l’art visuel et de la musique. Le partenariat Richter/Pärt s’appuie sur un concept développé à l’origine par Alex Poots et Hans Ulrich Obrist pour le Festival International de Manchester et met en vedette la composition chorale envoutante de Pärt avec la nouvelle œuvre de Richter incluant papier peint et trois tapisseries jacquard. La collaboration entre Steve Reich et Gerhard Richter (une initiative du SHED) repose sur la série « Patterns » du peintre et les structures musicales rigoureuses et répétitives de Steve Reich

Reich Richter part

Cette osmose, créée en collaboration avec Corinna Belz et mettant en vedette la première mondiale d’une nouvelle composition de Steve Reich, s’exprime dans une salle immense habitée par la création du peintre sur les murs et la projection durant l’événement de la série « Patterns » dans laquelle Richter divise et reflète à plusieurs reprises une image d’ordinateur d’une peinture abstraite pour animer l’œuvre. Certes l’association d’œuvres d’un peintre avec une création musicale ne constitue pas une nouveauté.
Ce qui prend ici une dimension particulière vient de l’échelle à laquelle cet environnement est créé, espace dans lequel le spectateur et auditeur se trouve en effet immergé, enveloppé par cette proposition sensorielle. La musique de Steve Reich, dont le caractère répétitif peut sembler parfois ingrat, m’est apparue, dans ce contexte, luxuriante, colorée et son association avec le travail sur ordinateur des œuvres de Richter n’a rien d’artificiel. Musique et structures colorées se fondent remarquablement.
La seconde création associant les toiles de Richter avec la composition d’Arvo Pärt offrait au spectateur/auditeur une autre forme d’immersion : celle des choristes se mêlant à la foule des visiteurs pour mieux les inclure dans cet évènement d’une grande pureté musicale.
Le SHED n’en est encore qu’à ses débuts et on peut imaginer tout le parti qui peut être tiré d’un tel outil. Au bout de cette High line sur laquelle l’ancienne voie ferrée est encore présente, le SHED entreprend à son tour un voyage prometteur.

Photos de l’auteur.

« Reich Richter Pärt »
6 avril – 2 juin 2019
The SHED
545 West 30th Street
New YorK

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